Voici ce que j’avais prévu de présenter en classe avant de commencer un travail de gravure avec des 11 VP. A l’issue de cette courte présentation, je montre la vidéo sur la gravure. Ils sont ensuite amenés à réaliser un dessin figuratif ou non, d’abord au crayon puis au stylo noir fin. Le stylo noir fin me permet d’introduire le fait que les nuances de valeurs peuvent être représentées à l’aide de hachures plutôt que par un dégradé lisse au crayon gris. Cette étape est importante puisque sur la plaque qu’ils vont graver, à moins d’avoir une maîtrise incroyable de l’encrage au néocolor, les nuances de valeurs se feront par hachures. Le reste est montré dans la vidéo et, pendant qu’ils la visionnent, expliqué par oral par l’enseignant. Il ne faut pas oublier d’attirer leur attention sur le fait que l’image gravée sera imprimée à l’envers sur la page. Cela peut être un détail pour certaines images mais avoir son importance pour d’autres, notamment celles qui contiennent du texte.
La présentation en classe
Lorsque j’explique les trois types de gravure, je dessine des vue de coupe des plaques de gravures. Les explications sont accompagnées du rhinocéros de Dürer. Ensuite je leur montre les trois gravures magistrales de Dürer, trois xylogravures de Vallotton et trois gravures de Stanley William Hayter. Je les questionne d’abord sur ce qu’ils voient et ce qu’ils en pensent. Ensuite, en faisant le plus de parallèles possibles avec ce qui est ressorti de ces questions, je fais une brève analyse de ces images en les replaçant dans leur contexte historico-artistique. Le texte qui suit est celui que j’utilise en classe, d’où son aspect un peu plus informel.
C’est quoi la gravure?
Le terme gravure rassemble l’ensemble des techniques où on grave quelque chose, soit en le coupant, soit en le creusant, avec des outils ou avec des produits dans le but de produire une image. Ce qu’on grave (en général c’est une plaque) s’appelle la matrice. Parce qu’ensuite, cette matrice va permettre d’imprimer plein d’estampes.
Souvent on confond gravure, estampe et tirage.
La technique c’est la gravure. Le fait de l’imprimer c’est l’impression ou le tirage. Et le résultat c’est une estampe ou un tirage, ( retenir que gravure c’est la technique c’est bien. ); en l’occurence, tout le monde dit un peu ce qu’il veut, ou ce qu’il croit être juste.
La première forme de gravure qui apparaît, c’est la xylogravure, donc la gravure sur bois. Elle apparait au VII ème siècle en Chine.
Ensuite, la gravure prend son essor et se répand parallèlement à l’imprimerie, c’est-à-dire autour de la renaissance ( 1400 et plus ) XV ème siècle.
La gravure entretient un lien fort avec l’imprimerie, (d’ailleurs on parle d’impressions). C’est un multiple, ce qui veut dire que depuis la matrice on peut tirer plusieurs fois une image. Donc si on veut faire un livre illustré, au lieu de redessiner une image pour chaque volume ( ce qui prend énormément de temps et fait grimper le prix de l’ouvrage si haut que seul les très très riches peuvent se l’offrir) , on grave le dessin une fois, et ensuite on l’encre et l’imprime le nombre de fois qu’on veut.
A la renaissance la gravure est donc un moyen extrêmement important de diffuser des images.
Trois type principaux de gravure
Gravure en taille d’épargne, ou gravure en relief
Ce sont par exemple la xylogravure et le lino. On creuse une plaque, et ce qui reste sur la plaque, c’est ce qui va s’imprimer, c’est le dessin. Là où on a creusé, ça ne s’imprime pas. l’encre se dépose sur ce qu’il reste de la plaque, puis sur le papier.
Gravure en taille douce
C’est par exemple la gravure sur cuivre souvent ( ou sur plexiglas ). On grave une matrice et l’encre va venir se déposer sur toute la plaque. Le surplus d’encre est ensuite essuyé et comme la plaque est gravée une partie de l’encre reste dans les sillons. Ce sont donc ces sillons qui vont s’imprimer.
La gravure à plat
Parfois on parle de gravure à plat mais c’est un peu plus flou. Il peut s'agir du monotype, ou de certaines lithographies ( gravure sur pierre ), qui ne nécessitent presque pas de relief. On pourrait aussi rajouter dans cette catégorie l’impression au pochoir, mais bon… tout ce qui utilise une matrice n’est pas forcément de la gravure non plus. Le monotype c’est le fait de couvrir une plaque non gravée d’encre, puis à l’aide d’un bâton, d’un coton tige ou quoi que ce soit, réaliser un dessin en enlevant de l’encre. De cette manière, lorsqu’on imprime, le dessin imprimé est unique puisque la matrice fait partie intégrante du tirage.
Rhinocéros de Dürer
Pour vous donner un exemple voici un gravure de Dürer qui représente un rhinocéros. Dürer n’a jamais vu de rhinocéros, mais il en a lu une description écrite et vu un croquis rapide d’un artiste inconnu. Sur ça, il réalise cette gravure, qui est imprimée a plein d’exemplaire et devient vite très populaire en Europe. Et pour vous dire, l’importance que peuvent avoir les images, c’est jusqu’au XVIII eme siècle que cette représentation du rhinocéros est considérée comme réaliste. ( après d’autres peintures et dessins plus exacts le remplacent)
L’anecdote c’est que le rhino ( le vrai ) a été ramené par des colons en cadeau en 1515 au roi d’Espagne, qui s’en lasse assez vite et l’offre au pape mais le bateau fait naufrage et le rhinocéros meurt. Il est quand même récupéré par le pape, empaillé et exposé au Vatican.
Ensuite en 1577 un nouveau rhinocéros, vivant, est offert au roi du Portugal. alors celui-là je ne sais pas ce qu’il devient, par contre, la gravure reste considérée comme réaliste pendant encore à peu près 200 ans.
Artistes
Albrecht Dürer: 21 main 1471- 6 avril 1528, très célèbre graveur allemand. renaissance.
Félix Vallotton: Suisse 1865-1925. souvent xylographie.
Stanley William Hayter: 27 décembre 1901- 4 mai 1988. peintre et graveur non figuratif anglais. renouveau de la gravure contemporaine.